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TROISIÈME ENNÉADE.

n’est cependant pas en dehors de la Providence et de la Raison de l’univers. En effet, les choses de là-haut ne dépendent pas des choses d’ici-bas ; ce sont au contraire les choses supérieures qui versent leur lumière sur les. inférieures, et c’est en cela que consiste la perfection de la Providence. Quant à la Raison de l’univers, elle est double : l’une produit, et l’autre unit les choses engendrées aux choses intelligibles. Il y a ainsi deux Providences, l’une supérieure [la Raison intellectuelle], qui est les choses intelligibles ; l’autre inférieure, la Raison [génératrice], qui dépend de la première : leur ensemble constitue l’enchaînement des choses et la Providence universelle[1].

Les hommes [n’étant pas seulement ce qu’ils ont été faits] possèdent donc un autre principe [l’intelligence avec la raison] ; mais tous ne se servent pas de tous les principes qu’ils possèdent : les uns se servent d’un principe [de l’intelligence] ; les autres, d’un autre principe [de la raison] ou bien même des principes inférieurs [de l’imagination et des sens][2]. Tous ces principes sont présents dans l’homme,


    liberarum, intellectus scilicet et ratio, quorum opera potest anima præter id ipsum, quod habuit ab initio, progredi. » (Ficin.)

  1. Les deux Raisons dont parle ici Plotin sont la Puissance principale de l’Âme et la Puissance naturelle et génératrice (t. I, p. 191), auxquelles correspondent la Providence et le Destin. Ficin commente ainsi ce passage : « Considerabis geminam esse Rationem mundi communem : primam quidem adesse mundo velut artificem ; secundam vero inesse velut formam, per quam velut cognatam artifici etiam artifex videatur mundo conjunctus. Artifex quidem præsidens est intellectualis ipsa substantia ; insidens vero velut forma est ratio seminalis qua coïre intellectus cum materia mundi videtur atque generare. »
  2. Nous donnons le commentaire de Ficin sur ce passage obscur : « Adsunt quidem omnibus hominum animabus semper intellectus et ratio ; sed non omnes ratione vivunt, intellectu quin etiam paucissimi. Multi enim imagination vivunt potius et sensu : in quorum imaginatione rationis ipsius scintillæ vel raro micant, quum imaginatio potius ad opposita convertatur ; quemadmodum