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TROISIÈME ENNÉADE.


Mais comment la partie irascible peut-elle être tantôt courageuse, tantôt lâche ? — Si elle est lâche, c’est qu’elle ne considère pas la raison, ou qu’elle considère la raison déjà devenue mauvaise, ou bien que le défaut de ses instruments, c’est-à-dire le manque ou la faiblesse de ses organes, l’empêche d’agir ou d’être émue et irritée. Elle est courageuse, si le contraire a lieu. Dans l’un et l’autre cas, l’âme ne subit pas d’altération, ne pâtit pas.

Enfin, quand la partie concupiscible est intempérante, c’est qu’elle agit seule (car, alors elle fait seule toutes choses, les principes qui doivent lui commander et la diriger ne sont pas présents) ; c’est en outre, que la partie raisonnable, dont la fonction est de voir [de considérer les notions qu’elle reçoit de l’intelligence], est occupée à autre chose (car elle ne fait pas tout à la fois), qu’elle vaque à un autre acte, parce qu’elle considère autant qu’elle le peut d’autres choses que les choses corporelles[1]. Peut-être aussi le vice ou la vertu de la partie concupiscible dépendent-ils beaucoup du bon ou du mauvais état des organes ; en sorte que, dans l’un comme dans l’autre cas, rien n’est ajouté à l’âme.

III. Que dire des désirs et des aversions de l’âme ? Com-

    sive alia distributione ista conjiciantur, agit hæc anima cum quiete, si ea quæ insunt in unitate valetudinis quasi familiari quadam consensione cesserunt. Quum autem adhibentur ea quæ nonuulla, ut ita dicam, alteritate corpus afficiunt, exserit attentiores actiones, suis quibusque locis atque instrumentis accomodatas : tunc videtur vel audire, vel olfacere, vel gustare, vel tangendo sentire dicitur ; quibus actionibus congrua libenter associat, et moleste obsistit incongruis. Has operationes passionibus corporis puto animam exhibere quum sentit, non easdem passiones recipere. » Bossuet, à son tour, a reproduit les idées de S. Augustin dans son traité De la Connaissance de Dieu et de soi-même, comme nous l’avons déjà dit dans les Éclaircissements du tome 1, p. 332, note 4.

  1. Voy. Enn. I, liv. II, § 4 ; t. I, p. 57.