Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
TROISIÈME ENNÉADE.


ment de la révolution opérée par la sphère universelle mesure le temps autant que cela est possible, en montrant par sa quantité la quantité du temps correspondant, puisqu’on ne peut le saisir ni le concevoir autrement. Ainsi, ce qui est mesuré, c’est-à-dire indiqué par la révolution de la sphère universelle, c’est le temps. Il n’est pas engendré, mais seulement indiqué par le mouvement[1].

La mesure du mouvement paraît donc être ce qui est mesuré par un mouvement déterminé, mais qui est autre que ce mouvement : car autre chose est ce qui mesure, autre chose ce qui est mesuré ; mais ce qui est mesuré n’est mesuré que par accident : c’est comme si l’on disait que ce qui est mesuré par une coudée est une étendue, sans définir ce qu’est l’étendue en elle-même. C’est de la même manière que, ne pouvant définir-plus clairement le mouvement à cause de sa nature indéterminée, on dit qu’il est ce qui est mesuré par l’espace : car, en considérant l’espace parcouru par le mouvement, on juge de la quantité du mouvement par l’espace parcouru.

XII. La révolution de la sphère universelle nous amène donc à connaître le temps, dans lequel elle s’accomplit. Non-seulement le temps est ce dans quoi [toutes choses deviennent], mais il faut encore qu’antérieurement à toutes choses il soit ce qu’il est, ce dans quoi tout se meut ou se repose avec ordre et uniformité[2], ce qui est découvert et

    possumus dicere quantum sit temporis, ex quo ab illo loco usque ad illum locum motus corporis vel partis ejus effectus est. » (S. Augustin, Confessiones, XI, 24.)

  1. Ce passage de Plotin est cité textuellement par Simplicius, Commentaire sur la Physique d’Aristote, p. 187.
  2. L’opinion de Plotin sur l’essence du temps paraît conforme à celle de Leibnitz : « Ces messieurs soutiennent donc que l’espace est un être réel absolu ; mais cela les mène à de grandes difficultés… Pour moi, j’ai remarqué plus d’une fois que je tenais l’espace pour quelque chose de purement relatif, comme le temps, pour un