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TROISIÈME ENNÉADE.


de ce qui occupe le rang inférieur ; si en outre l’action procède de la contemplation ou de l’action [mais d’abord de la contemplation], parce que celle-ci est antérieure à l’action qui ne saurait exister sans elle ; s’il en est ainsi, dis-je, il en résulte qu’un acte est plus faible qu’un autre, mais qu’il est toujours une contemplation, de telle sorte que l’action qui naît de la contemplation semble n’être qu’une contemplation affaiblie : car ce qui est engendré doit toujours avoir la même nature que son principe générateur, mais en même temps être plus faible que lui, puisqu’il occupe un rang inférieur. Toutes choses procèdent donc silencieusement de l’Âme, parce qu’elles n’ont besoin ni de contemplation ni d’action extérieure et visible. Ainsi, l’Âme contemple, et la partie de l’Âme qui contemple, étant en quelque sorte placée en dehors de la partie supérieure et différente d’elle, produit ce qui est au-dessous d’elle : la contemplation engendre donc la contemplation[1]. La contemplation, en effet, n’a pas de terme, non plus que son objet ; voilà pourquoi elle s’étend à tout. Où n’est-elle pas ? Toute âme a en elle le même objet de contemplation. Cet objet, sans être circonscrit comme une grandeur, n’est cependant pas de la même façon dans tous les êtres, par conséquent,

  1. « Il faut admettre que l’Âme universelle contemple toujours les meilleurs principes, parce qu’elle est tournée vers le monde intelligible et vers Dieu. Comme elle s’en remplit et qu’elle en est remplie, elle déborde en quelque sorte sur son image, sur la Puissance qui tient le dernier rang [la Nature], et qui, par conséquent, est la dernière Puissance créatrice. Au-dessus de cette Puissance créatrice est la Puissance de l’Âme qui reçoit les formes immédiatement de l’Intelligence. Au-dessus de tout est l’Intelligence, le Démiurge, qui donne les formes à l’Âme universelle, et celle-ci en imprime des traces à la Puissance qui tient le troisième rang [à la Nature]. Ce monde est donc une image qui se forme perpétuellement. » (Enn. II, liv. III, § 18 ; t. I, p. 193.) Le passage qui précède est commenté par le P. Thomassin dans ses Dogmata, theologica, t. I, p. 324, 329.