I. « L’Intelligence, dit Platon, voit les idées comprises dans l’Animal qui est[2]. » Il ajoute : « Le Démiurge conçut que cet animal produit devait comprendre des essences semblables et en pareil nombre » à celles que l’Intelligence voit dans l’Animal qui est. Platon veut-il dire que les idées sont antérieures à l’Intelligence et qu’elles existent déjà quand l’Intelligence les pense ? Il faut chercher d’abord si l’Animal même est la même chose que l’Intelligence, ou bien s’il constitue une chose différente d’elle. Or, ce qui contemple est l’Intelligence ; l’Animal même doit donc être appelé, non l’Intelligence, mais plutôt l’Intelligible[3]. En conclurons-nous que l’Intelligence a hors d’elle les choses qu’elle contemple ? Dans ce cas, elle ne possède que des images au lieu de posséder les réalités elles-mêmes, si nous admettons que les réalités
- ↑ Ce livre peut être considéré, par le sujet qui s’y trouve traité, comme le complément du précédent. Pour les Remarques générales auxquelles il donne lieu, Voy. les Éclaircissements à la fin du volume.
- ↑ Voy. Platon, Timée, p. 39 : ᾗπερ οὖν νοῦς ἐνούσας ἰδέας τῷ ὅ ἐστι ζῶον, οἶαι τε ἔνεισι ϰαὶ ὅςαι, ϰαθορᾷ, τοιάυτας ϰαὶ τοσάυτας διενοήθη δεῖν ϰαὶ τόδε σχεῖν. La discussion à laquelle se livre ici Plotin a pour but d’expliquer en quoi consistent l’Intelligence, νοῦς, l’Animal qui est, τῷ ὅ ἐστι ζῶον, et le principe qui a conçu, διενοήθη.
- ↑ Voy. dans les Éclaircissements sur ce livre la citation que Proclus a faite de ce passage.