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QUATRIÈME ENNÉADE.


reste entière. — Si tel est le rapport de l’Âme universelle avec les autres âmes, l’Âme universelle, dont les parties sont telles, n’appartiendra à aucun être particulier, mais existera en elle-même. Elle ne sera donc plus l’Âme du monde. Cette dernière elle-même prendra rang au nombre des âmes regardées comme des parties. Toutes les âmes étant conformes entre elles seront au même titre parties de l’Âme qui est une et identique. Alors pourquoi telle âme est-elle l’Âme du monde, et telle autre l’âme d’une des parties du monde ? [On ne l’explique pas.]

III. Les âmes particulières sont-elles enfin des parties de l’Âme universelle comme, dans un animal, l’âme qui fait vivre le doigt est une partie de l’âme totale répandue dans l’animal entier ? Cette hypothèse conduit à admettre ou qu’il n’y a aucune âme en dehors du corps, ou que l’Âme universelle existe tout entière, non dans un corps, mais en dehors du corps du monde. C’est ce qu’il faut examiner. Pour cela, procédons en nous servant d’une comparaison[1].

Si l’Âme universelle se communique à tous les animaux particuliers, et si c’est en ce sens que chaque âme est une

  1. Cette comparaison consiste à examiner si l’Âme universelle est avec les âmes particulières dans le même rapport que l’âme particulière avec les diverses forces qui résident dans les différents organes. Némésius attribue aux Manichéens la doctrine que Plotin combat ici : « Les Manichéens disent que l’âme est immortelle et incorporelle ; mais ils prétendent qu’il n’y a qu’une seule Âme, savoir, l’Âme universelle, qui est partagée et distribuée entre tous les corps animés et inanimés ; que les uns en ont une plus grande partie, et les autres une moindre ; que les corps inanimés en ont moins, les corps animés en ont plus, et les corps célestes en ont bien plus que les autres ; qu’ainsi toutes les âmes particulières ne sont que des parties de l’Âme totale (τῆς ϰαθόλου ψυχῆς μέρη τὰς καθ’ ἕκαστον εἶναι ψυχάς). S’ils disaient que cette Âme se communique à tous les êtres sans se diviser (ἀμερίστως μερίζεσθαι), comme la voix à tous ceux qui l’entendent, il n’y aurait que demi-mal ; mais ils prétendent que la substance même de