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SOMMAIRES.

(II) 1o Si l’âme était uniquement divisible, il n’y aurait pas communauté d’affection dans chacun de nous, ni sympathie entre les âmes. On ne saurait admettre sur ce point l’hypothèse des Stoïciens que les sensations parviennent au principe dirigeant par transmission de proche en proche. 2o Si l’âme était uniquement indivisible, elle ne pourrait entrer en rapport avec le corps et l’animer tout entier.

Comme les âmes particulières, l’Âme universelle est à la fois une et multiple, parce qu’elle communique la vie à une multitude d’êtres qui forment une unité ; indivisible et divisible, parce qu’elle est présente à la fois dans toutes les parties du monde qu’elle administre.


LIVRE TROISIÈME.
QUESTIONS SUR L’ÂME, I.

Dans les livres iii, iv et v, Plotin pose et résout successivement diverses questions sur la nature, les facultés et la destinée de l’âme ; sans suivre l’ordre méthodique qu’il eût sans doute adopté s’il eût voulu faire un traité complet de Psychologie[1].

Introduction. (I) La connaissance de l’âme est la condition de la connaissance des principes dont elle procède et des choses dont elle est elle-même le principe. D’ailleurs, on ne peut posséder réellement la science si l’on ne sait ce qu’est l’instrument même de la science[2]).

Première question. Toutes les âmes ne sont-elles que des parties d’une seule Âme[3] ?

Il est des philosophes qui soutiennent que nos âmes sont des parties d’une Âme totale et unique, de même que nos corps sont des parties du corps de l’univers. Ils invoquent à l’appui de leur opinion divers passages de Platon.

(II-III) De ce que nos âmes sont conformes et appartiennent au même genre, il en résulte, non qu’elles soient les parties d’une Âme unique, mais qu’elles procèdent d’un même principe. — Le mot partie ne peut se prendre ici dans le sens où on l’applique à une quantité, parce que dans ce cas l’Âme serait une grandeur corporelle. — Le mot partie ne peut davantage se prendre ici dans le sens où l’on dit qu’une notion est une partie d’une science : car ou l’Âme totale ne serait que la somme des âmes particulières, ou elle leur serait supérieure, ce qui détruit l’hypothèse combattue. — Le mot partie ne peut enfin se prendre ici dans le sens où l’on dit que la puissance sensitive qui est dans

  1. C’est pour suppléer à ce manque d’ordre que nous donnons ci-après le résumé général de la Psychologie de Plotin, p. 566-580. Voy. aussi Jamblique, Traité de l’Âme, p. 665-672.
  2. Voy. ci-après Porphyre, Traité sur le précepte Connais-toi toi-même, p. 615-618.
  3. Voy. ci-après Jamblique, Traité de l’Âme, p. 646-647.