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LIVRE TROISIÈME.


que c’est par le sang qu’elle le nourrit, que le sang est contenu dans les veines, et que les veines ainsi que le sang ont leur origine dans le foie, on a donné cet organe pour siége à la partie de l’âme appelée concupiscence : car la puissance d’engendrer, de nourrir et d’accroître le corps implique concupiscence[1]. Enfin, comme le sang [devenu par la respiration] subtil, léger, mobile, pur, est un instrument convenable pour la puissance irascible, le cœur, qui est la source du sang (car c’est du cœur que part le sang qui possède ces qualités), est avec raison assigné pour siége au bouillonnement de la puissance irascible[2].

XXIV. Où passera l’âme quand elle sera sortie du corps[3] ? — Elle n’ira pas là où il n’y a rien qui puisse la recevoir. Elle ne saurait passer dans ce qui n’est pas naturellement disposé pour la recevoir, à moins qu’il n’y ait quelque chose qui attire une âme insensée. Dans ce cas, l’âme de-

  1. « Quant à la partie de l’âme qui désire le boire et le manger et toutes ces choses dont la nature de notre corps lui fait éprouver le besoin, les dieux la logèrent dans les parties situées entre le diaphragme et le nombril [dans le foie] ; ayant formé dans tout cet espace comme une sorte de râtelier pour la nourriture du corps, ils y lièrent cette partie de l’âme comme une bête brute, mais qu’il est nécessaire de nourrir pour alimenter le corps auquel elle est attachée, afin que la race mortelle puisse subsister. » (Platon, Timée, p. 70 ; trad. de M. H. Martin, p. 191.)
  2. « La partie de l’âme qui participe à la force virile et à la passion énergique, étant opiniâtre, fut logée plus près de la tête, entre le diaphragme et le cou, afin qu’obéissant à la raison et de concert avec elle elle comprimât par la force les désirs sensuels, lorsque, rebelles aux ordres que leur donnerait la raison du haut de sa citadelle, ils ne voudraient pas s’y soumettre volontairement. » (Platon, Timée, p. 70 ; trad. de M. H. Martin, p. 189.) Ce que Plotin dit ici du sang artériel est emprunté à Galien, dont nous avons déjà résumé la doctrine à la page 358, note 3.
  3. Sixième question : Où va l’âme après la mort ? Voy. encore ci-après le livre IV, § 39, 45.