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LIVRE QUATRIÈME.


par l’inspiration divine à nous révéler ces choses donnent les noms de Cérès et de Vesta[1].

XXVIII. En voici assez sur ce sujet. Revenons à la question que cette digression nous a fait abandonner. Examinons si, ayant déjà admis que les Appétits, les douleurs et les plaisirs (considérés non comme sentiments, mais comme passions) ont leur origine dans la constitution du corps organisé et vivant[2], nous devons assigner la même origine à la puissance irascible (τὸ θυμοειδές). Dans ce cas, plusieurs questions se présentent : La Colère (θυμὸς) appartient-elle à l’organisme entier ou seulement à un organe particulier, soit au cœur disposé de telle manière[3], soit à la bile, en tant que celle-ci est une partie du corps vivant ? La colère est-elle différente du principe qui donne au corps un vestige de l’âme[4], ou bien est-elle une puissance individuelle, qui ne dépend d’aucune autre puissance, irascible ou sensitive ?

La puissance végétative présente dans tout le corps y fait pénétrer partout un vestige de l’âme. C’est donc au corps entier que se rapportent la souffrance, la volupté, et le désir des aliments[5]. Quoiqu’il n’y ait rien de déterminé au sujet de l’amour physique, admettons qu’il ait son siége dans les organes destinés à le satisfaire[6]. Admettons aussi que le foie soit le siége de la Concupiscence, parce que c’est là surtout qu’agit la puissance végétative qui imprime

  1. Plotin rappelle ici un passage de Platon qui donne à la Terre le nom de Vesta : « Vesta reste seule dans le palais des immortels. » (Phèdre, t. VI, p. 50 de la trad. de M. Cousin.) Plotin lui-même a été cité à son tour par Proclus : « D’autres, considérant la puissance génératrice de la Terre, l’appellent Cérès, comme le fait Plotin, qui nomme Vesta l’intelligence de la Terre, et Cérés son âme. » (Commentaire sur le Timée, p. 282.)
  2. Voy. ci-dessus, § 20, p. 359.
  3. Voy. ci-dessus, liv. III, § 23, p. 311.
  4. Voy. ci-dessus, § 18, p. 356.
  5. Voy. ci-dessus, § 20, p. 359.
  6. Voy. Platon, Timée, p. 91.