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QUATRIÈME ENNÉADE.


celui-là, comment l’exerce-t-il, et jusqu’où va-t-elle ? Telles sont les questions que nous avons à examiner, puisque nous ne rapportons pas aux corps des astres ni à leur volonté la production des choses d’ici-bas : nous ne la rapportons pas à leurs corps, parce que les choses qui arrivent ne sont pas de simples effets physiques ; nous ne la rapportons pas à leur volonté, parce qu’il est absurde que des dieux produisent par leur volonté des choses absurdes.

Rappelons-nous ce que nous avons déjà établi : l’univers est un animal un, sympathique à lui-même en vertu de son unité ; sa vie est réglée dans son cours par la Raison, elle est tout entière d’accord avec elle-même, elle n’a rien de fortuit, elle offre un seul ordre et une seule harmonie ; en outre, toutes les figures sont conformes chacune à une raison et à un nombre déterminé ; les deux parties de l’animal universel qui forment cette espèce de danse (nous parlons des figures qui s’y produisent, des parties qui y sont figurées ainsi que des choses qui en dérivent) sont l’acte même de cet univers. Ainsi, l’univers vit de la manière que nous avons déterminée, et ses puissances concourent à cet état selon la nature qu’elles ont reçue de la raison qui les a produites. Les figures sont en quelque sorte les raisons de l’animal universel, les intervalles de ses parties, les attitudes qu’elles prennent selon les lois du rhythme et selon la Raison de l’univers. Les êtres qui par leurs distances relatives produisent ces figures sont les membres divers de cet animal. Les puissances diverses de cet animal agissent sans délibération, comme ses membres, parce que délibérer est une opération étrangère à leur nature et à celle de cet animal. Aspirer à un but unique est le propre de l’animal qui est un ; mais il renferme en lui des puissances multiples ; or, toutes les volontés diverses aspirent au même but que la volonté unique de l’animal : car chaque partie désire quelqu’un des objets divers qu’il renferme ; chacune veut posséder quelque chose des autres, obtenir ce qui lui manque ; chacune éprouve un sentiment