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LIVRE QUATRIÈME.


partie dirigeante de l’âme ne peut d’ailleurs rien éprouver de semblable). Par suite, quand une invocation est adressée à un être, il en résulte quelque chose, soit pour celui qui fait cette invocation, soit pour un autre[1].

XLI. Ni le Soleil, ni aucun astre en général n’entend les vœux qu’on lui adresse. S’il les exauce, c’est par la sympathie que chaque partie de l’univers a pour les autres, comme, si l’on touche une partie d’une corde tendue, on ébranle toutes les autres, ou bien encore comme, si l’on fait vibrer une des cordes d’une lyre, toutes les autres vibrent la l’unisson, parce qu’elles appartiennent toutes à un même système d’harmonie[2]. Si la sympathie va jusqu’à faire répondre une lyre aux accords d’une autre, à plus forte raison doit-elle être la loi de l’univers, où règne une seule harmonie, quoique son ensemble comprenne des contraires, aussi bien que des parties semblables et analogues. Les choses qui nuisent aux hommes comme la colère qui, avec la bile, se rapporte à l’organe du foie, n’ont pas été faites pour nuire aux hommes. C’est comme si une personne en blessait une autre par mégarde en prenant du feu à un foyer : elle est sans doute l’auteur de la blessure parce qu’elle fait passer du feu d’une chose dans une autre ; mais la blessure n’a lieu que parce que le feu ne peut être contenu par l’être auquel il est transmis[3].

    variis artificiis incantare instituit ; at bestia recanit (ἀντάδει) et femina nil sentiens vixdum somno abstinere potest, nec multum abfuit, ni adstans filius matrem expergefecisset, quin illa in somnum lethiferum delaberetur. »

  1. Ces idées de Plotin ont été reproduites par Jamblique, De Mysteriis, V, § 14-27, p. 77-97.
  2. « Si, deux cordes étant consonnantes (δμόφωνοι) dans une lyre, on place sur l’une d’elles un roseau court et léger et que l’on frappe l’autre, on verra la corde sur laquelle on a placé le roseau vibrer avec force. (Aristide Quintilien, De la Musique, II, p. 107.)
  3. Le texte de ce passage est corrompu. Creuzer propose de lire : οἶον εἰ πῦρ τις ἐϰ πυρὸς