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QUATRIÈME ENNÉADE.


en matière, principes nécessaires à la constitution de tous les corps, même de ceux qui sont simples[1]. D’ailleurs, étant étendus, les corps peuvent être coupés, divisés en parties infiniment petites et périr de cette manière[2]. Donc, si notre corps est une partie de nous-mêmes[3], nous ne sommes pas immortels tout entiers ; s’il n’est que l’instrument de notre âme, comme il ne lui est donné que pour un temps, il est encore périssable de sa nature.

Quant à l’âme, qui est la partie principale de l’homme et qui constitue l’homme même[4], elle doit être avec le corps dans le rapport de la forme avec la matière, ou d’un artisan avec son instrument[5]. Dans les deux cas, l’âme est l’homme même.

II. Quelle est donc la nature de l’âme ? Si elle est un corps, elle est décomposable, puisque tout corps est composé. Si elle n’est pas un corps, si elle à une autre nature, il faut examiner cette nature, soit de la même manière que nous avons examiné le corps, soit d’une autre façon.

I. l’âme n’est pas corporelle.

[1o Ni une molécule matérielle, ni une agrégation de molécules matérielles ne sauraient posséder la vie et l’intelligence.][6]

Considérons d’abord de quoi se composerait ce corps qu’on nomme âme. Comme toute âme possède nécessairement la vie, et que le corps qu’on regarde comme étant l’âme doit contenir au moins deux molécules, sinon un plus grand nombre, il faut ou qu’une seule d’entre elles possède la vie, ou que toutes la possèdent ou qu’aucune ne la possède. Si une molécule seule possède la vie, seule aussi elle sera

  1. Voy. t. I, p. 201-203.
  2. Voy. t. I, p. 244.
  3. Voy. t. I, p. 47.
  4. Voy. t. I, p. 44, 47.
  5. Voy. ci-dessus, p. 304-306.
  6. Pour plus de clarté, nous ajoutons entre [] le sommaire de chaque preuve.