Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/581

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
531
TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE IV.


ainsi que de ce qui se trouve sur ce sujet dans l’Épinomis (p. 984).

M. Steinhart, dans ses Meletemata plotiniana (p. 19), explique fort bien la pensée de Plotin :

« Notissimæ sunt fabulæ illæ de Dæmonibus medium inter deos et homines locum tenentibus, quæ inde ab Hesiodo maxime in Græcia vulgatæ fuerunt. Etiam has fabellas receperat Plato, et unicuique homini suum attribuerat dæmonem, qua imagine vitæ sortem ac conditionem singulis destinatam ac divinitus assignatam indicare voluerat. Vidit vero Plotinus majus aliquid in ea opinione inesse, neque dissimilem et esse genii apud Romanos cultum : nam dæmonem singulis hominibus additum perfectum istud atque excelsum vitæ ac virtutis exemplar esse censuit, quod, dum perpetuo sibi ob oculos ponunt, omni opera amulari student atque assequi. Verissime igitur etiam de hac re sensit, et ita ut appareat eum cognovisse, ut omnes res ex summis earum notionibus pendeant, sic singulorum quoque hominum vitas ab idea aliqua ipsis insita eosque intus movente regi ac duci. »

Ainsi, selon Plotin, le démon intérieur, qui est une partie de notre âme, n’est autre chose que l’idéal que nous nous proposons de réaliser ici-bas dans notre vie[1].

Voilà pourquoi notre auteur dit dans ce livre (§ 3, p. 93) : « Notre démon est la puissance immédiatement supérieure à celle que nous exerçons : car elle préside à notre vie sans agir elle-même ; » et dans le livre suivant (§ 6, p. 113) : « Parmi les démons ceux-la seuls sont des amours qui doivent leur existence au désir que l’âme a du Bien et du Beau. Toutes les âmes qui sont entrées dans ce monde engendrent un amour de ce genre[2]. »

On sait d’ailleurs que plusieurs auteurs de l’antiquité ont composé

  1. Cette idée est conforme à la définition que M. Creuzer donne du démon considéré à un point de vue général : « En général, dit-il, l’essence, la vertu la plus intime de chaque être est son Génie. C’est le point central de son activité, la cause agissante de son existence propre, qu’il soit source, plante, animal ou homme » (Religions de l’antiquité, trad. de M. Guigniaut, t. III, p. 17.)
  2. Il faut rapprocher de ces passages ce que Plotin dit encore de notre démon dans l’Enn. I, liv. II, § 6 ; t. I, p. 69. Quant aux analogies que cette doctrine présente avec le Christianisme, elles sont signalées dans le passage suivant de M. Creuzer : « La parole du Christ rapportée dans un passage de l’Évangile de saint Matthieu (XVIII, 10) fut cause que les grands docteurs de l’Église adoptèrent le dogme d’un ange assigné à chaque homme en qualité d’esprit tutélaire. Les expressions dont ils se servent à cet égard se rapprochent quelquefois tout à fait du langage usité dans les mystères et parmi les philosophes. Un passage de saint Denys l’Aréopagite (De la Hiérarchie cé-