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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE VI.


Proclus cite ce livre de Plotin (Voy. ci-dessus, p. 135, note). Il paraît lui avoir beaucoup emprunté. Nous avons déjà fait voir, dans les Éclaircissements du tome I, p. 484-485, que ce philosophe avait dans ses écrits développé sur la matière la même théorie que Plotin. Il nous reste à montrer qu’il explique de la même manière la participation de la matière aux idées dans son Commentaire sur le Parménide de Platon (t. V, p. 72-75, éd. de M. Cousin). Voici le résumé de la doctrine qu’il enseigne sur ce sujet :

Comment a lieu la participation ? Représentons-nous un miroir qui reçoit l’image des objets sans que les objets s’altèrent ou qu’il arrive le moindre changement dans la nature même du miroir. Représentons-nous les êtres tournés en quelque sorte vers le Démiurge, aspirant à lui et remplis de ses émanations. Représentons-nous enfin l’empreinte du cachet sur la cire, avec cette différence, toutefois, que la cire est modifiée par le cachet, tandis que la matière ne l’est pas par l’idée. Chacune de ces images, prise à part, ne donnerait de la participation qu’une idée incomplète : la comparaison du miroir suppose des dispositions physiques tout à fait étrangères à ce qui a lieu dans la participation. l’empreinte du cachet sur la cire pourrait être admise par les Stoïciens, qui n’envisagent les causes que comme ordonnant la matière, et la matière comme n’éprouvant de la part de la cause qu’une simple modification ; mais, précisément parce qu’elle ne représente qu’une action extérieure de l’agent, un changement extérieur de l’être qui participe, elle ne fait pas comprendre la puissance de l’idée qui, au sein même du sujet qui la reçoit, présente à toutes ses parties, accomplit son œuvre créatrice. Ni l’image (ὁμοίωσις), telle que le miroir nous la suggère, ni l’émanation (ἔμφασις), telle que nous la supposons s’échapper du Démiurge, ni l’empreinte (τύπωσις), analogue à celle du cachet sur la cire, n’expliquent suffisamment la participation. Mais, en les admettant toutes trois, en se figurant qu’il y a, dans la participation, quelque chose de semblable à chacune d’elles, on aura non une explication scientifique, mais un commencement d’intelligence du fait qui nous occupe. » (M. Berger, Exposition de la doctrine de Proclus, p. 66.)


§ III. rapprochements entre plotin et saint augustin.
A. Impassibilité de l’âme.

Dans ses traités De l’Immortalité de l’âme, De la Quantité de l’âme, De la Musique (liv. VI), saint Augustin a développé sur l’impas-