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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


1o L’intelligence ne descend pas dans le corps, parce que sa fonction est la pensée intuitive, qui n’a aucun rapport ni direct ni indirect avec l’exercice des organes. Elle est à la fois personnelle et impersonnelle (t. I. p. 44, 50 ; t. II, p. 492).

2o L’âme raisonnable n’est présente au corps que par son rapport avec la puissance sensitive et imaginative (t. II, p. 310) ; par elle-même, elle est indépendante du corps. En effet, elle n’a besoin d’aucun organe pour exercer sa fonction propre, la pensée discursive ; il faut même qu’elle se sépare du corps pour posséder les vertus intellectuelles (t. I, p. 46-48, 398-400).

C’est l’âme raisonnable qui constitue essentiellement l’homme (t. I, p. 43-44).

3o L’âme irraisonnable ou sensitive et végétative a besoin du corps pour exercer ses fonctions : aussi dit-on que celles-ci sont communes à l’âme et au corps (t. I, p. 46-47).

Par son union avec le corps, l’âme irraisonnable constitue l’animal (appelé aussi le composé, la partie commune), auquel appartiennent les vertus naturelles (t. I, p. 43-47, 69, 362-367, 398-400).

Rapport de l’âme et du corps. — L’âme ne forme pas un mixte avec le corps. Elle n’est pas dans le corps comme dans un lieu, ou dans un vase, ou dans un sujet, ou comme une partie dans un tout, ou comme une forme dans la matière. Elle est présente au corps comme la lumière est présente à l’air ; elle est présente tout entière dans tout le corps par les puissances dont l’exercice met en jeu les organes (t. I, p. 355-361 ; t. II. p. 302-311).

Indivisibilité et impassibilité de l’âme. — Le rapport de l’âme avec le corps explique l’indivisibilité et l’impassibilité de l’âme.

1o L’âme raisonnable est indivisible parce qu’elle n’a pas besoin du corps. L’âme irraisonnable est à la fois divisible et indivisible : elle est divisible en ce qu’elle fait participer chaque organe à la puissance propre à la fonction qu’il remplit ; elle est indivisible en ce que ses puissances sont distinctes sans être séparées, l’âme étant présente tout entière dans tout le corps, comme le prouve la sympathie des organes, et chaque puissance étant présente tout entière dans tout l’organe auquel elle se communique (t. II, p. 256, 275-279, 301, 308-311, 448-450). Il en résulte que l’âme irraisonnable elle-même est séparable du corps (t. II, p. 464-465).

2o L’âme raisonnable est impassible, parce que tous ses mouvements et ses changements sont des opérations et des modifications complètement immatérielles, telles que le passage de la puissance à l’acte (t. II, p. 123-132). Quant à la partie irraisonnable, elle est passive en ce sens qu’elle est le principe des passions, c’est-à-