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TRAITÉ DE L’ÂME.


Selon les Stoïciens, quelques facultés diffèrent par la diversité des organes dans lesquels elles résident : car il y a, disent-ils, divers esprits tendus du principe dirigeant vers les divers organes, les yeux, les oreilles, etc. ; d’autres facultés, qui ont pour siége le même organe, diffèrent par leur qualité propre : car, de même qu’une pomme réunit dans le même sujet la saveur et le parfum, de même le Principe dirigeant réunit dans le même sujet la Représentation sensible, l’Assentiment, l’Appétit, la Raison. — Selon les Péripatéticiens[1] et tous ceux qui n’admettent pas que l’âme ait des parties, les facultés sont rapportées à la fois à une essence unique et à différentes espèces d’après la nature de leurs fonction[2].

Selon Platon, l’âme a trois parties parce que ses trois vies appartiennent à trois essences différentes ; d’un autre côté, elle a plusieurs facultés, si l’on considère, non plus les différences essentielles de sa vie, mais la diversité des propriétés qui sont réunies dans le même principe[3]. — En général, il y a entre une partie et une faculté cette distinction qu’une partie diffère d’une autre partie par son essence, tandis qu’une faculté peut avoir le même sujet qu’une autre faculté et n’en diffère que par sa fonction génératrice ou productrice.

Du Nombre des facultés.

IV[4]. Les sectateurs de Zénon distinguent huit parties dans l’âme[5], mais ils attribuent à une seule partie plusieurs facultés : ainsi, pour eux, le Principe dirigeant comprend la Représentation sensible, l’Assentiment, l’Appétit, la Raison[6].

Platon, Archytas et les autres Pythagoriciens[7] divisent l’âme en trois parties, la Raison, la Colère et la Concupiscence, qu’ils regardent comme nécessaires pour constituer les vertus ; d’un autre

  1. Voy. à ce sujet l’opinion de Nicolas de Damas citée par Porphyre (Des Facultés de l’âme, t. I, p. XCII).
  2. Il y a dans le texte ϰατά μὲν τὲν οὑσίαν αἰ δυνάμεις, ϰατά δὲ εἴδη ὤν δύνανται ποιεῖν (kata men ten ousian ai dunameis, kata de eidê ôn dunantai poiein). Heeren propose de lire, pour rendre la phrase la plus claire : ϰατά μὲν τὲν οὑσίαν ἀμέρισται αἰ δυνάμεις, ϰαθ’ ἅ δύνανται ποιεῖν (kata men ten ousian ameristai ai dunameis, kath’ a dunantai poiein). Ce changement ne paraît pas nécessaire.
  3. Jamblique veut dire que Platon divise l’âme de deux manières, en parties et en facultés. Il ne fait ici que résumer les explications que Porphyre donne à ce sujet dans son traité Des Facultés de l’âme. Voy. t. I. p. XCI-XCIII.
  4. Stobée, Eclogœ phys., LII, § 30, p. 878.
  5. Des huit parties que les Stoïciens attribuent à l’âme sont les cinq Sens, la Parole, la Puissance générative, le Principe dirigeant. Voy. Porphyre, Des Facultés de l’âme, t. I, p. LXXXIX.
  6. Voy. Diogène Laërce VII, § 159.
  7. Voy. Stobée, Eclogœ phys., LII, § 23.