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TRAITÉ DE L’ÂME.


produits pour la contenir et lui servir de véhicules, et d’un autre côté l’attachent convenablement au corps solide par des liens intermédiaires communs.

De la Purification.

XVI[1]. Pour Plotin et la plupart des Platoniciens, la purification parfaite de l’âme consiste à s’affranchir des passions, à mépriser les connaissances acquises par les sens, et tout ce qui appartient au domaine de l’opinion, à se détacher des conceptions qui se rap-

    n’est autre chose que l’esprit ou véhicule éthéré des Néoplatoniciens. On retrouve cette doctrine dans une foule d’auteurs, entre autres dans La Fontaine, qui l’oppose à l’hypothèse de Descartes sur l’âme des bêtes :

    J’attribuerais à l’animal
    Non point une raison selon notre manière,
    Mais beaucoup plus aussi qu’un aveugle ressort ;
    Je subtiliserais un morceau de matière,
    Que l’on ne pourrait plus concevoir sans effort,
    Quintessence d’atome, extrait de la lumière.
    . . . . . . . . . . . . . . . Je rendrais mon ouvrage
    Capable de sentir, juger, rien davantage,
    Et juger imparfaitement,
    Sans qu’un singe jamais fît le moindre argument.
    À l’égard de nous autres hommes,
    Je ferais notre lot infiniment plus fort ;
    Nous aurions un double trésor :
    L’un, cette âme pareille en tous tant que nous sommes,
    Sages, fous, enfants, idiots,
    Hôtes de l’univers sous le nom d’animaux ;
    L’autre, encore une autre âme, entre nous et les anges
    Commune en un certain degré ;
    Et ce trésor a part créé
    Suivrait parmi les airs les célestes phalanges,
    Entrerait dans un point sans en être pressé,
    Ne finirait jamais quoique ayant commencé :
    Choses réelles, quoique étranges.caché(Fables, X. 1.)

    Faute de connaître la doctrine néoplatonicienne de l’esprit intermédiaire entre l’âme et le corps, le savant commentateur de La Fontaine, M. Walckenaër, a commis l’étrange erreur d’attribuer l’invention de cette hypothèse à La Fontaine : « Ce qui précède, dit-il, est un composé des idées d’Empédocle [il eût fallu dire d’Héraclite et de Platon, que La Fontaine mêle ensemble pour tâcher de s’expliquer à lui-même le système de Descartes, contre lequel son bon sens naturel lui suggérait des difficultés insolubles. »

  1. Stobée, Eclogœ physicœ, § 59, p. 1056.