Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/15

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nourrissait procurerait un jour aux Romains les plus grands avantages. On traite ordinairement de rêves et de folies ces sortes de prédictions ; mais le jeune Cicéron fut à peine en âge de s’appliquer à l’étude, qu’il vérifia celle-ci. L’excellent naturel qu’on vit briller en lui le rendit si célèbre entre ses camarades, que les pères de ces enfants allaient aux écoles pour le voir, pour être témoins eux-mêmes de tout ce qu’on racontait de son grand sens et de la vivacité de sa conception ; les plus grossiers d’entre eux s’emportaient même contre leurs fils, quand ils les voyaient, dans les rues, mettre, par honneur, Cicéron au milieu d’eux. Il avait reçu de la nature un esprit né pour la philosophie et avide d’apprendre, tel que le demande Platon : fait pour embrasser toutes les sciences, il ne dédaignait aucun genre de savoir et de littérature ; mais il se porta d’abord avec plus d’ardeur vers la poésie ; et l’on a de lui un petit poème en vers tétramètres, intitulé Pontius Glaucus(1), qu’il composa dans sa très grande jeunesse. En avançant en âge, il cultiva de plus en plus ce talent, et s’exerça sur divers genres de poésie avec tant de succès, qu’il fut regardé non seulement comme le premier des orateurs romains, mais encore comme le meilleur de leurs poètes. La célébrité que lui acquit son éloquence subsiste