Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/19

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entrer dans l'administration des affaires, il résolut de retourner à Rome, mais voulant former encore avec plus de soin son éloquence, comme un instrument qui lui devenait absolument nécessaire, et développer ses facultés politiques, il s'exerçait à la composition, et fréquentait les orateurs les plus estimés.

Il passa donc à Rhodes, et de là en Asie, où il suivit les écoles des rhéteurs Xénoclès d'Adrumette, Denys de Magnésie, et Ménippe le Carien. À Rhodes, il s'attacha aux philosophes Apollonius Molon et Posidonius. Apollonius, qui ne savait pas la langue latine, pria, dit-on, Cicéron de parler en grec ; ce que Cicéron fit volontiers, assuré que ses fautes seraient mieux corrigées. Un jour qu'il avait déclamé en public, tous ses auditeurs, ravis d'admiration, le comblèrent à l'envi de louanges ; mais Apollonius, en l'écoutant, ne donna aucun signe d'approbation ; et quand le discours fut fini, il demeura longtemps pensif, sans rien dire. Comme Cicéron paraissait affecté de son silence : « Cicéron, lui dit Apollonius, je vous loue, je vous admire ; mais je plains le sort de la Grèce, en voyant que les seuls avantages qui lui restaient, le savoir et l'éloquence, vous allez le, transporter aux Romains. »

V. Cicéron, rempli des plus flatteuses espérances,