Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/29

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porter au consulat. L'intérêt public réunit, dans cette occasion, tous les esprits ; et voici quel en fut le motif. Le changement que Sylla avait fait dans le gouvernement, et qui d'abord avait paru fort étrange, semblait, par un effet du temps et de l'habitude, prendre une sorte de stabilité, et plaire assez au peuple. Mais des hommes animés par leur cupidité particulière, et non par des vues du bien général, cherchaient à remuer, à renverser l'état actuel de la république. Pompée faisait la guerre aux rois de Pont et d'Arménie, et personne à Rome n'avait assez de puissance pour tenir tête à ces factieux, amoureux de nouveautés. Leur chef était un homme audacieux et entreprenant, et d'uu caractère qui se pliait à tout ; c'était Lucius Catilina. À tous les forfaits dont il s'était souillé, il avait ajouté l'inceste avec sa propre fille, et le meurtre de son frère. Dans la crainte d'être traduit devant les tribunaux pour ce dernier crime, il avait engagé Sylla à mettre ce frère au nombre des proscrits, comme s'il eût encore été en vie. Les scélérats de Rome, ralliés autour d'un pareil chef, non contents de s'être engagé mutuellement leur foi par les moyens ordinaires, égorgèrent un homme et mangèrent tous de sa chair.

Catilina avait corrompu la plus grande