Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/509

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du chemin, ont paru plus croyables que les oracles qu’il lui donna depuis ; ou plutôt ces secours firent ajouter foi aux oracles. Jupiter fit d’abord tomber des pluies abondantes, qui dissipèrent la crainte de la soif, et qui, tempérant la sécheresse brûlante du sable, que l’eau affaissa en le pénétrant, rendirent l’air plus pur et plus facile à respirer. En second lieu, comme les bornes qui servaient d’indices aux guides étaient confondues et que les soldats d’Alexandre, errant de tous côtés, se séparaient les uns des autres, il parut tout-à-coup une troupe de corbeaux qui vinrent se mettre à leur tête pour être leurs conducteurs. Ces oiseaux les précédaient dans leur marche, ils les attendaient lorsqu’ils étaient arrêtés, ou qu’ils ralentissaient leurs pas. Et ce qui est bien plus admirable encore, la nuit, au rapport de Callisthène, ils les rappelaient par leurs cris lorsqu’ils s’étaient égarés, et les remettaient sur leur route.

XXXVIII. Quand il eut traversé le désert et qu’il fut arrivé à la ville où était le temple, le prophète d’Ammon le salua au nom du dieu, comme son fils. Alexandre lui demanda si quelqu’un des meurtriers de son père ne s’était pas dérobé à sa vengeance. « Que dites vous-là ? repartit le prophète, votre père n’est pas mortel. »