Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 9.djvu/549

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plusieurs maîtres chargés de diriger leur éducation. Pour son mariage avec Roxane, l’amour seul en forma le lien. Il la vit dans un festin, chez le satrape Cohortanus, et il la trouva si belle, si aimable, qu’il se détermina à l’épouser. Cependant cette alliance parut assez convenable à l’état présent de ses affaires ; elle inspira aux Barbares beaucoup plus de confiance en lui, et ils conçurent la plus vive affection pour un prince qui portait si loin la continence, que la seule femme dont il fût devenu amoureux, il n’avait voulu se l’unir que par un mariage légitime.

LXIV. Des deux meilleurs amis qu’il avait, Éphestion et Cratère, le premier l’approuvait en tout et se conformait aux nouvelles manières qu’il avait adoptées ; l’autre restait toujours attaché aux usages de son pays. Alexandre donc se servait d Éphestion pour faire connaître ses volontés aux Barbares, et de Cratère pour traiter avec les Grecs et les Macédoniens. En général, il avait plus d’amitié pour le premier, et plus d’estime pour le second : persuadé, comme il le disait souvent, qu’Éphestion aimait Alexandre et que Cratère aimait le roi. Aussi ces deux courtisans avaient-ils l’un contre l’autre une jalousie secrète, qui dégénérait souvent en des querelles très vives. Un jour, dans l’