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POÉSIES DE TYRTÉE
TRADUITES
Par M. HUMBERT


I

Il est beau pour l’homme brave de tomber au premier rang en combattant pour sa patrie. Mais abandonner sa ville et ses riches campagnes, s’en aller mendier et errer avec sa mère, son vieux père, ses petits enfants et son épouse légitime, ce sont là les maux les plus grands. Le malheureux sera un objet de haine pour tous ceux à qui, succombant sous le besoin et la cruelle pauvreté, il ira demander asile. Il déshonore sa race, il souille sa beauté ; partout opprobre et lâcheté marchent à sa suite. Pour un homme errant ainsi, il n’y a point de jeunesse et il ne doit attendre aucun respect. Combattons avec courage pour notre terre, mourons pour nos enfants, sans épargner nos forces, ô jeunes gens ; combattez, serrés les uns contre les autres, et qu’aucun de vous ne donne l’exemple de la fuite honteuse et de la crainte. Excitez dans vos cœurs un grand et généreux courage et ne songez point trop à la vie quand vous serez aux prises avec les ennemis. Quant aux vieillards,

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