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LIVRE II.

Quelque service qu’on leur fasse,
Ne se peut jamais obliger !

La vertu, qui de leur étude
Est le fruit le plus précieux,
Sur tous les actes vicieux
Leur fait haïr l’ingratitude,
Et les agréables chansons,
Par qui les doctes nourrissons
Savent charmer les destinées,
Récompensent un bon accueil
De louanges que les années
Ne mettent point dans le cercueil.

Les tiennes par moi publiées,
Je le jure sur les autels,
En la mémoire des mortels
Ne seront jamais oubliées ;
Et l’éternité que promet
La montagne au double sommet
N’est que mensonge et que fumée,
Ou je rendrai cet univers
Amoureux de ta renommée,
Autant que tu l’es de mes vers.

Comme, en cueillant une guirlande,
L’homme est d’autant plus travaillé
Que le parterre est émaillé
D’une diversité plus grande,