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POÉSIES.

À nulle autre n’étoit seconde :
Mais s’il n’eût rien eu de plus beau,
Son nom qui vole par le monde
Seroit-il pas dans le tombeau ?

S’il n’eût, par un bras homicide
Dont rien ne repoussoit l’effort,
Sur Ilion venge le tort
Qu’avoit reçu le jeune Atride,
De quelque adresse qu’au giron
Ou de Phénix, ou de Chiron,
Il eût fait son apprentissage,
Notre âge auroit-il aujourd’hui
Le mémorable témoignage
Que la Grèce a donné de lui ?

C’est aux magnanimes exemples,
Qui, sous la bannière de Mars,
Sont faits au milieu des hasards,
Qu’il appartient d’avoir des temples,
Et c’est avecque ces couleurs
Que l’histoire de nos malheurs
Marquera si bien ta mémoire,
Que tous les siècles à venir
N’auront point de nuit assez noire
Pour en cacher le souvenir.

En ce long temps, où les manies
D’un nombre infini de mutins,