Page:Poésies de Malherbe.djvu/80

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Amour, autrefois en vos yeux
Plein d’appas si délicieux,
Devient mélancolique et sombre,
Quand il voit qu’un si long ennui
Vous fait consumer pour un ombre
Ce que vous n’avez que pour lui.

S’il vous ressouvient du pouvoir
Que ses traits vous ont fait avoir
Quand vos lumières étoient calmes,
Permettez-lui de vous guérir,
Et ne différez point les palmes
Qu’il brûle de vous acquérir.

Le temps d’un insensible cours
Nous porte à la fin de nos jours ;
C’est à notre sage conduite,
Sans murmurer de ce défaut,
De nous consoler de sa fuite
En le ménageant comme il faut.