Page:Poésies de Schiller.djvu/116

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clochette des troupeaux retentit dans la vallée et l’écho solitaire répète les chants du berger. Le gai village orne les bords du fleuve, d’autres se cachent entre les arbres, d’autres sont suspendus aux flancs des coteaux. L’homme habite au milieu de ces champs, ses sillons entourent sa maison rustique, la vigne couronne ses fenêtres, l’arbre jette sur son toit un de ses rameaux. Heureux habitant des champs que le cri de la liberté n’a pas encore éveillé ! Tu suis gaiement les lois modestes qui te sont prescrites. Au retour régulier des moissons s’arrêtent tes vœux, et ta vie se déroule comme l’œuvre de ta journée ; mais qui vient tout à coup m’arracher à ces doux aspects ? un esprit étranger se jette sur ces campagnes, ce que l’affection unissait se divise et l’on ne cherche plus que son égal. Je vois des castes qui se forment, les hauts peupliers s’alignent avec une pompe régulière et majestueuse, tout est soumis à la règle, tout doit avoir une signification, et une escorte d’esclaves m’annonce le maître. De loin aussi il s’annonce éclairé par les coupoles brillantes, par les villes bâties avec le roc et couvertes de tours. Les faunes sont repoussés au fond des forêts sauvages ; mais la piété donne une plus haute destinée à la prière. L’homme s’est rapproché de l’homme ; son cercle, en se rétrécissant, s’anime ; il sent le monde entier se mouvoir en lui, les forces ardentes luttent dans les combats, leur lutte produit