Page:Poésies de Schiller.djvu/118

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exploits : « Voyageur, si tu vas à Sparte, dis que tu nous as vus ici morts comme la loi l’ordonnait. » Reposez en paix, héros aimés, l’olivier, arrosé par votre sang, reverdit, et la semence précieuse germe dans le sol ; la libre industrie se met ardemment à l’œuvre, le Dieu des ondes l’appelle dans son lit de roseaux, la hache entre en sifflant dans la tige de l’arbre, la dryade soupire, et l’arbre tombe avec fracas du haut de la montagne. On coupe le roc, on enlève la pierre avec le levier, l’homme de la montagne descend dans les ravins, le marteau retentit sur l’enclume, les étincelles de l’acier jaillissent sous une main nerveuse, le lin doré entoure le léger fuseau, le navire se meut à l’aide des cordes de chanvre, le pilote pousse son cri sur la rade, on attend les flottes qui vont porter sur la terre étrangère le produit du travail, d’autres reviennent avec les richesses des côtes lointaines, la guirlande de fête s’élève au haut des mâts superbes, les places publiques, les marchés sont pleins de mouvement et l’oreille écoute avec surprise un singulier mélange de langues diverses, le marchand étale sur la place les moissons de la terre, celles qui mûrissent sous le soleil brûlant d’Afrique, celles de l’Arabie, celles de Thulé, et la corne d’Amalthée est remplie de dons précieux. Alors la fortune fait naître les œuvres de l’imagination, l’art se développe soutenu par la liberté, le sculpteur réjouit les regards par ses imitations