Page:Poésies de Schiller.djvu/273

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retentir ta gloire au delà des mers et des montagnes.

Sémélé

Apollon… Si seulement il venait !

Junon.

Et on lui rendra des hommages divins sur des autels couverts d’holocaustes.

Sémélé, (avec enthousiasme).

J’écouterai les prières, j’apaiserai sa colère par mes supplications, j’éteindrai l’ardeur de ses regards par mes larmes, je rendrai les peuples heureux.

Junon, (à part).

Pauvre créature ! Non, jamais. (D’un air pensif.) Bientôt anéantie !… Mais, n’est-ce pas mal à moi ? Non, je chasse la pitié dans les enfers. (À Sémélé.) Éloigne-toi, éloigne-toi, mon enfant, afin que Jupiter ne te remarque pas ; laisse-le attendre longtemps, pour te faire désirer avec plus d’ardeur.

Sémélé.

Béroé ! c’est le Ciel qui t’envoie. Ô bonheur ! Voir les Dieux s’incliner devant moi et les mortels dans un humble silence… Va, va : il faut que je m’éloigne d’ici.

Junon, (la regardant d’un air de triomphe).

Faible, vaniteuse femme, facile à tromper ! ses regards seront un feu dévorant ; ses baisers t’écraseront ; ses embrassements seront un orage ! Les simples mortels ne peuvent supporter la présence de