Page:Poésies de Schiller.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a été donnée à l’homme : c’est là ce qui l’honore.

Prenez du bois de sapin ; choisissez des branches sèches, afin que la flamme plus vive se précipite dans le conduit. Quand le cuivre bouillonnera, mêlez-y promptement l’étain, pour opérer un sûr et habile alliage.

La cloche que nous formons à l’aide du feu dans le sein de la terre, attestera notre travail au sommet de la tour élevée. Elle sonnera pendant de longues années ; bien des hommes l’entendront retentir à leurs oreilles, pleurer avec les affligés et s’unir aux prières des fidèles. Tout ce que le sort changeant jette parmi les enfants de la terre, montera vers cette couronne de métal et la fera vibrer au loin.

Je vois jaillir des bulles blanches. Bien ! la masse est en fusion. Laissons-la se pénétrer du sel de la cendre qui hâtera sa fluidité. Que le mélange soit pur d’écume, afin que la voix du métal poli retentisse pleine et sonore ; car la cloche salue avec l’accent solennel de la joie l’enfant bien-aimé à son entrée dans la vie, lorsqu’il arrive plongé dans le sommeil. Les heures joyeuses et sombres de sa destinée sont encore cachées pour lui dans les voiles du temps ; l’amour de sa mère veille avec de tendres soins sur son matin doré ; mais les années fuient rapides comme une flèche. L’enfant se sépare fièrement de la jeune fille ; il se précipite avec impétuosité