Page:Poésies de Schiller.djvu/48

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tout tenter ; il se jette au milieu des flots mugissants, il les fend d’un bras nerveux, et les Dieux ont pitié de lui.

Arrivé sur l’autre bord, il se remet en marche, rendant grâces au ciel qui l’a sauvé, lorsque tout à coup des brigands s’élancent de la forêt, lui ferment le passage, et, brandissant sur lui leurs massues, le menacent de le faire mourir.

« Que voulez-vous ? s’écrie-t-il, pâle d’effroi. Je n’ai rien que ma vie, et il faut que je la donne au roi. » Il arrache la massue de l’un des brigands : « Au nom de mon ami, dit-il, ayez pitié ! » Puis il abat de ses coups violents trois de ces misérables : les autres prennent la fuite.

Le soleil darde sur la terre ses rayons ardents. Moros, accablé de fatigue, sent ployer ses genoux : « Ô Dieux, s’écrie-t-il, ne m’avez-vous donc sauvé des mains des brigands, des fureurs de l’onde, que pour me faire languir ici et pour que mon ami périsse ! »

Et voilà que tout à coup il entend près de lui un doux murmure ; il s’arrête, écoute : c’est une source d’eau limpide qui tombe du rocher ; il s’incline avec joie et rafraîchit ses membres brûlants.

Le soleil brille entre les rameaux des arbres, et les ombres gigantesques de la forêt s’étendent sur