Page:Poésies de Schiller.djvu/55

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prendra ce qu’il a déjà souvent entrepris, car il est poussé par un Dieu puissant ; et il me l’a juré, en me quittant, au nom de son amour, la mort seule l’affranchira de ses serments. Hélas ! à cette heure même il lutte contre la violence de la tempête, et les vagues courroucées l’entraînent dans l’abîme.

« Vagues trompeuses, votre silence cachait votre trahison. Vous étiez unies comme une glace, calmes et sans trouble, et vous allez l’entraîner dans vos profondeurs perfides. C’est lorsqu’il est déjà au milieu de son trajet, lorsque tout retour est impossible, que vous déchaînez contre lui votre fureur. »

La tempête s’augmente : les vagues s’élèvent comme des montagnes et se brisent en mugissant contre les rochers, le navire aux flancs de chêne n’échappe pas à leur fureur ; le vent éteint le flambeau qui devait guider le nageur, le péril est sur les eaux et le péril sur le rivage.

La jeune fille invoque Aphrodite ; elle la prie d’apaiser l’orage, et promet d’offrir de riches sacrifices, d’immoler un taureau avec des cornes dorées ; elle conjure toutes les Déesses de l’abîme et tous les Dieux du ciel de calmer la mer emportée.

« Écoute ma voix, sors de ta verte retraite, bienveillante Leucothée, toi qui souvent, à l’heure du