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L’ANNEAU DE POLYCRATE.

Debout sur la terrasse de sa maison, il promenait ses regards satisfaits sur sa ville de Samos. « Tout ce que tu vois est soumis à mon pouvoir, disait-il au roi d’Égypte : avoue que je suis heureux.

— Tu as éprouvé la faveur des Dieux : elle a assujetti à la puissance de ton sceptre ceux qui naguère étaient tes égaux : mais il en est un encore qui peut les venger ; je ne puis te proclamer heureux aussi longtemps que veille l’œil de ton ennemi. »

À peine le roi avait-il parlé, qu’on voit venir un messager envoyé de Milet : « Fais flotter, ô seigneur, la fumée des sacrifices, et couronne d’une riante branche de laurier ta chevelure divine.

« Ton ennemi est tombé, frappé d’un trait mortel ; ton fidèle général Polydore m’a dépêché vers toi avec cette joyeuse nouvelle. » Et, en parlant ainsi, il tire d’un vase noir et présente aux regards stupéfaits des deux souverains une tête bien connue et encore sanglante.