Page:Poésies de Schiller.djvu/85

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qui me la rapportera sera roi, je ne voudrais pas tenter de l’acquérir. Ce qui se passe dans ces profondeurs, âme vivante n’a pu le dire.

« Plus d’un navire a été emporté dans ce gouffre, mais on n’en a vu sortir que la quille et les mâts brisés ; le reste était enseveli dans le tombeau. » Tout à coup le mugissement des flots s’élève, se rapproche.

Le monstre siffle, mugit, écume, bouillonne comme l’eau tourmentée par le feu. Des jets d’eau et de vapeur s’élancent jusqu’au ciel ; le flot suit le flot et se précipite hors du sein de la mer avec un mugissement pareil à celui du tonnerre.

Et voyez : à travers les vagues sombres et impétueuses, on aperçoit un bras, un col blanc comme la neige ; c’est le gentilhomme qui nage avec vigueur et revient avec des signes de joie, portant le vase d’or dans sa main gauche.

Il respire longuement et salue la lumière du ciel. Tout le monde s’écrie avec transport : « Il vit ; le voilà ! Le tombeau des vagues n’a pu le retenir ; l’intrépide plongeur a vaincu le danger. »

Le jeune homme s’avance, et tous les spectateurs se pressent joyeusement autour de lui. Il tombe aux pieds du roi, lui offre la coupe d’or. Le roi fait un signe à sa fille bien-aimée, qui remplit cette coupe d’un vin généreux, et le plongeur s’écrie :