Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/247

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de son corps et mourut de chagrin. Quoi qu’il en soit, il disparut aussitôt de la surface de la terre, et depuis lors, personne n’a même revu le fantôme de ce pauvre homme.

Le succès avec lequel j’avais accompli cette mission et apaisé les furies me valut sur-le-champ la haute faveur de M. Crab. Il m’accorda toute sa confiance, me donna la place de Thomas Hawk officiel du Sucre d’orge, et l’état de sa caisse lui défendant pour le quart d’heure de m’allouer des appointements, il me permit de profiter à discrétion de ses conseils.

« Mon cher Thingilm, me dit-il, un jour après dîner, j’admire vos talents et je vous aime comme un fils. Vous serez mon héritier. À ma mort je vous léguerai le Sucre d’orge. En attendant, je veux vous pousser — j’y suis décidé, — pourvu toujours que vous suiviez mes conseils. Il faut commencer par vous débarrasser du vieux grognon, — c’est très-important pour vous.

— Grognon ? répétai-je avec un point d’interrogation. Qui ? comment ?

— Votre père, ajouta-t-il.

— Justement, répliquai-je — j’aurais dû deviner.

— Vous avez encore votre fortune à faire, Thingum, continua M. Crab, et autant vaudrait avoir une