Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/279

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POLITIEN.

Ô Lalage ! Il se jette à ses pieds. Et toi, m’aimes-tu ?

LALAGE.

Écoutez ! chut ! À l’ombre de ces arbres, il m’a semblé voir passer une figure, — la figure d’un spectre, solennelle, et lente, et silencieuse, — pareille à l’ombre sévère de la conscience solennelle et silencieuse. Elle traverse l’allée et revient. Je me trompais ; ce n’était qu’une vaste branche qui se balançait au vent d’automne. Politien !

POLITIEN.

Ma Lalage ! — mon amour ! pourquoi t’émouvoir ainsi ? Pourquoi cette pâleur ? La conscience elle-même, à plus forte raison cette ombre que tu as prise pour elle, ne devrait jamais agiter de la sorte un ferme esprit. Mais le vent du soir donne le frisson, et ces branches mélancoliques répandent sur toute chose des ténèbres tant soit peu lugubres.

LALAGE.

Politien, tu me parles d’amour ? Connais-tu le pays dont s’occupent toutes les langues, une terre récemment découverte, découverte par miracle par un citoyen de Gênes, à des milliers de lieues