Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/49

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une caisse qui, vu sa forme, ne pouvait guère contenir autre chose qu’une copie de la Sainte Cène de Leonardo, et il était à ma connaissance qu’une copie de cette toile, exécutée à Florence par Rubini jeune, avait été achetée par Nicolino. Ce point-là me semblait donc clairement établi.

Je me félicitai beaucoup de ma perspicacité. Wyatt me confiait habituellement ses projets de ce genre ; mais il était clair qu’aujourd’hui il voulait jouer au plus fin avec moi et introduire un beau tableau dans la ville de New-York à mon nez et à ma barbe, convaincu que je ne me douterais de rien.

Je résolus de lui rendre la monnaie de sa pièce et durant la traversée et plus tard.

Une chose cependant me dérouta. La caisse ne fut pas déposée dans la chambre supplémentaire ; on la mit dans la cabine même de Wyatt, où elle resta, couvrant presque tout le plancher, et où elle devait d’autant plus incommoder l’artiste et sa femme que le goudron ou la peinture dont les emballeurs s’étaient servis pour tracer l’adresse en gros caractères me paraissait émettre une odeur désagréable et même nauséabonde. On lisait sur le couvercle : MADAME ADÉLAÏDE CURTIS, AUX SOINS DE CORNELIUS WYATT, ESQ.—ALBANY—NEW YORK—HAUT—FRAGILE.