Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/70

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et leur inspirer l’horreur du mouvement ; ils se plaisent à rester au lit afin de dorloter leur chagrin, comme disent les vieilles commères, c’est-à-dire afin de ruminer leur douleur.

Les Rattlebourgeois avaient une si haute opinion de la sagesse et de la discrétion du vieux Charly, qu’ils paraissaient disposés à suivre ce conseil et à ne faire aucune démarche immédiate. Je crois même que l’avis du digne gentleman aurait prévalu sans l’intervention inopportune du neveu de M. Shuttleworthy, jeune homme fort dissipé et jouissant d’ailleurs d’une assez mauvaise réputation. Ce neveu, qui se nommait Pennyfeather, ne voulut pas entendre raison. Il s’indigna quand on parla de ne pas bouger et insista au contraire pour qu’on cherchât de suite le cadavre de la victime. Je cite les propres expressions du jeune homme. M. Bonenfant fit remarquer, avec beaucoup de justesse, que c’était là une singulière façon de s’exprimer, pour ne rien dire de plus. Cette observation ne manqua pas de produire un certain effet sur l’auditoire, et un des assistants demanda d’un ton significatif si M. Pennyfeather connaissait assez bien les circonstances de la disparition de son oncle pour se croire autorisé à affirmer sans détour que ce digne gentleman n’était plus qu’un cadavre et une victime ? À ce propos, quelques paroles