Page:Poe - Derniers Contes.djvu/127

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motif raisonnable de douter. Le rat avait été senti — et senti par Diane. Ciel ! pourrai-je jamais oublier l’intense émotion de ce moment ? Hélas ! Qu’est-ce que l’intelligence tant vantée de l’homme ? Le rat — il était là — c’est-à-dire quelque part. Diane avait senti le rat. Et moi — moi je ne pouvais pas le sentir. Ainsi, dit-on, l’Isis Prussienne a pour quelques personnes un doux et suave parfum, tandis que pour d’autres elle est complètement sans odeur.

Nous étions venus à bout de l’escalier, et il n’y avait plus que trois ou quatre marches qui nous séparaient du sommet. Nous montâmes encore, et il ne resta plus qu’une marche ! Une marche ! Une petite, petite marche ! Combien de fois d’une semblable petite marche dans le grand escalier de la vie humaine dépend une destinée entière de bonheur ou de misère humaine ! Je songeai à moi-même, puis à Pompey, puis au mystérieux et inexplicable destin qui nous entourait. Je songeai à Pompey ! — Hélas ! Je songeai à l’amour ! Je songeai à tous les faux pas qui ont été faits et qui peuvent être faits encore. Je résolus d’être plus prudente, plus réservée.