Page:Poe - Derniers Contes.djvu/50

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l’oiseau et de lui faire lâcher sa proie ; mais il se contenta de pousser une espèce de ronflement de rage, et laissa tomber sur nos têtes un sac pesant que nous trouvâmes rempli de sable. »

« Sornettes ! » dit le roi.

« Aussitôt après cette aventure, nous remontâmes un continent d’une immense étendue et d’une solidité prodigieuse, et qui cependant était entièrement porté sur le dos d’une vache bleue de ciel qui n’avait pas moins de quatre cents cornes[1]. »

« Cela, je le crois, » dit le roi, « parce que j’ai lu quelque chose de semblable dans un livre. »

« Nous passâmes immédiatement sous ce continent (en nageant entre les jambes de la vache) et quelques heures après nous nous trouvâmes dans une merveilleuse contrée, et l’homme-animal m’informa que c’était son pays natal, habité par des êtres de son espèce. Cette révélation fit grandement monter l’homme-animal dans mon estime, et je commençai à éprouver quelque honte de la dédaigneuse familiarité avec laquelle

  1. « La terre est portée par une vache bleue, ayant quatre cents cornes. » Le Coran de Sale.