Page:Poe - Derniers Contes.djvu/81

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rien n’est plus clair pour moi que ce fait : qu’à une certaine période — pas moins de sept siècles avant nous, certainement, — les continents du Canada nord et sud n’en faisaient qu’un, et que dès lors les Canadiens durent nécessairement construire un grand chemin de fer qui traversât le continent.

5 avril. — Je suis presque dévoré d’ennui. Pundit est la seule personne avec qui l’on puisse causer à bord, et lui, la pauvre âme ! il ne saurait parler d’autre chose que d’antiquités. Il a passé toute la journée à essayer de me convaincre que les anciens Amriccans se gouvernaient eux-mêmes ! — A-t-on jamais entendu une pareille absurdité ? — qu’ils vivaient dans une espèce de confédération chacun pour soi, à la façon des « chiens de prairie » dont il est parlé dans la fable. Il dit qu’ils partaient de cette idée, la plus drôle qu’on puisse imaginer — que tous les hommes naissent libres et égaux, et cela au nez même des lois de gradation si visiblement imprimées sur tous les êtres de l’univers physique et moral.

Chaque individu votait — ainsi disait-on — c’est-à-dire participait aux affaires pu-