Page:Poe - Eureka trad. Baudelaire 1864.djvu/33

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proférer une vérité, s’il sentait qu’il ne la devait qu’à la seule puissance de son âme. Il importait fort peu que la vérité fût philosophiquement vraie ; car les philosophes dogmatiseurs de cette époque s’inquiétaient seulement de la route avouée qui avait été suivie pour y atteindre. Le résultat, pour eux, était un point sans aucun intérêt. « Les moyens ! — vociféraient-ils, — voyons les moyens ! » — et si, par l’examen desdits moyens, on découvrait qu’ils ne rentraient ni dans la catégorie Hog, ni dans la catégorie Aries (qui veut dire bélier), oh ! alors les savants ne voulaient pas aller plus loin, mais, traitant le penseur de fou et le stigmatisant du nom de théoricien, refusaient à tout jamais d’avoir affaire avec lui ou avec sa vérité.

« Or, mon cher ami, — continue l’auteur de la lettre, — il est inadmissible que par la méthode rampante, exclusivement pratiquée, les hommes eussent pu atteindre au maximum de vérité, même après une série indéfinie de temps ; car la répression de l’imagination était un vice que n’aurait même pas compensé l’absolue certitude de cette marche de