Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/239

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nouissement en pensant à l’adresse qu’il me faudrait déployer pour me tirer de cette singulière alternative ; et je ne fis pas de mon salut définitif l’objet d’un doute d’une seconde. Pendant quelques minutes, je restai plongé dans la plus profonde méditation. Je me rappelle distinctement que j’ai souvent serré les lèvres, que j’ai appliqué mon index sur le côté de mon nez, et que j’ai pratiqué les gesticulations et grimaces habituelles aux gens qui, installés tout à leur aise dans leur fauteuil, méditent sur des matières embrouillées ou importantes.

Quand je crus avoir suffisamment rassemblé mes idées, je portai avec la plus grande précaution, la plus parfaite délibération, mes mains derrière mon dos, et je détachai la grosse boucle de fer qui terminait la ceinture de mon pantalon. Cette boucle avait trois dents qui, étant un peu rouillées, tournaient difficilement sur leur axe. Cependant, avec beaucoup de patience, je les amenai à angle droit avec le corps de la boucle et m’aperçus avec joie qu’elles restaient fermes dans cette position. Tenant entre mes dents cette espèce d’instrument, je m’appliquai à dénouer le nœud de ma cravate. Je fus obligé de me reposer plus d’une fois avant d’avoir accompli cette manœuvre ; mais, à la longue, j’y réussis. À l’un des bouts de la cravate, j’assujettis la boucle, et, pour plus de sécurité, je nouai étroitement l’autre bout autour de mon poing. Soulevant alors mon corps par un déploiement prodigieux de force musculaire, je réussis du premier coup à jeter