Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion à cette idée de cohésion absolue, — et c’est la très-faible résistance subie par les corps célestes dans leurs révolutions à travers l’espace, — résistance qui existe à un degré quelconque, cela est aujourd’hui démontré, — mais à un degré si faible, qu’elle a échappé à la sagacité de Newton lui-même. Nous savons que la résistance des corps est surtout en raison de leur densité. L’absolue cohésion est l’absolue densité ; là où il n’y a pas d’intervalles, il ne peut pas y avoir de passage. Un éther absolument dense constituerait un obstacle plus efficace à la marche d’une planète qu’un éther de diamant ou de fer.

V. Vous m’avez fait cette objection avec une aisance qui est à peu près en raison de son apparente irréfutabilité. — Une étoile marche ; qu’importe que l’étoile passe à travers l’éther ou l’éther à travers elle ? Il n’y a pas d’erreur astronomique plus inexplicable que celle qui concilie le retard connu des comètes avec l’idée de leur passage à travers l’éther ; car, quelque raréfié qu’on suppose l’éther, il fera toujours obstacle à toute révolution sidérale, dans une période singulièrement plus courte que ne l’ont admis tous ces astronomes qui se sont appliqués à glisser sournoisement sur un point qu’ils jugeaient insoluble. Le retard réel est d’ailleurs à peu près égal à celui qui peut résulter du frottement de l’éther dans son passage incessant à travers l’astre. La force de retard est donc double, d’abord momentanée et complète en elle-même, et en second lieu infiniment croissante.