Page:Poe - Histoires extraordinaires (1869).djvu/492

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en passant, que beaucoup de ce qu’une cour refuse d’admettre comme preuve est pour l’intelligence ce qu’il y a de meilleur en fait de preuves. Car, se guidant d’après les principes généraux en matière de preuves, les principes reconnus et inscrits dans les livres, la cour répugne à dévier vers les raisons particulières. Et cet attachement opiniâtre au principe, avec ce dédain rigoureux pour l’exception contradictoire, est un moyen sûr d’atteindre, dans une longue suite de temps, le maximum de vérité auquel il est permis d’atteindre ; la pratique, en masse, est donc philosophique ; mais il n’est pas moins certain qu’elle engendre de grandes erreurs dans des cas spéciaux[1].

» Quant aux insinuations dirigées contre Beauvais, vous n’aurez qu’à souffler dessus pour les dissiper. Vous avez déjà pénétré le véritable caractère de ce gentleman. C’est un officieux, avec un esprit très-tourné au romanesque et peu de jugement. Tout homme ainsi constitué sera facilement porté, dans un cas d’émotion réelle; à se conduire de manière à se rendre suspect

  1. Une théorie basée sur les qualités d’un objet ne peut pas avoir le développement total demandé par tous les objets auxquels elle doit s’appliquer ; et celui qui arrange des faits par rapport à leurs causes perd la faculté de les estimer selon leurs résultats. Ainsi la jurisprudence de toutes les nations montre que la loi, quand elle devient une science ou un système, cesse d’être la justice. Les erreurs, dans lesquelles une dévotion aveugle aux principes de classification a jeté le droit commun, sont faciles à vérifier si l’on veut observer combien de fois la puissance législative a été obligée d’intervenir pour rétablir l’esprit d’équité qui avait disparu de ses formules. — Landor.