Page:Poictevin - Ludine, 1883.djvu/37

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munication avec Dieu et par conséquent autrement créé, autrement vivant, autrement vêtu que le monde ordinaire. Non qu’elle eut une idée supraterrestre des prêtres. Bien plutôt, elle avait pris en grippe le curé antérieur, gros paysan qui bougonnait contre la danse, au besoin dispersait de son gourdin les groupes en liesse. Et justement le nouveau jeune abbé, d’une excellence sacerdotale incontestable, portait Ludine à de naïfs enchantements.

« J’ai lu un mauvais livre, » les Mystères de Paris, elle lui disait, s’arrêtant dans son acte de contrition, hésitante, et pensant que c’était là une grosse faute. Les romans de Sue flattaient en elle des goûts de vive vie, des tendances un peu farouches, d’intimes animadversions contre les gens.

Elle éprouvait comme un effroi, mêlé d’une admiration à distance, à l’approche du Père Lesfrasses, visionnaire ligneux, adonné aux mortifications, se constituant garde-malade, cuisinant même pour les indigents. À la tombée d’un soir, se rencontrant à lui dans l’église, elle se recula tremblante. Qu’il était grand et maigre dans l’ampleur de sa bure ! Et elle fut tenue en arrêt, croyant voir par derrière les bleues transparences des yeux de cette tête rase, encerclée d’une petite couronne blanchissante…