Page:Poictevin - Ludine, 1883.djvu/66

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peut être pour que ne fût découverte la cause de sa circulation incessante, écartait de la villa toute ingérence de police, savait se calfeutrer là. Ses pensionnaires, elle s’efforçait de leur inculquer des roueries. Il s’agissait pour la villa de tirer l’œil, sans qu’elle cessât d’être une maison quelconque.

Et comme elle se savait les tenir, ses clientes ! quelles dénégations, au besoin, elle opposait aux suspicions de ces femmes ! comme sa voix avait le bruit neutre d’une pierre cassée ! Bah, elles fermaient la porte au visage de la matrone impassible, se démenaient en de tonitruantes fureurs, puis, au bout de peu d’heures, faisaient demander n’importe quoi à celle-ci par une bonne, et Mme Delamousse d’entrer tout amènement avec ces mots à peu près : « elle savait bien qu’on finirait par s’entendre… on ne pourrait se passer l’une de l’autre. » Et des allèchements, et des promesses, et de mirobolants avenirs. Plus profondément chaque fois elle réussissait. L’argent, son envie, son culte, carillonnait dans la gorge de la propriétaire maintenant patelinante.

Mme Delamousse avait un faible : elle raffolait de son mari, recherché cuisinier de la maison. Lui, laissait aller les choses, restait étranger à ces témoignages de ferveur conjugale. Cette mansuétude pour son mari la reposait, sans doute,