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qu’il lui avait déjà dit confidentiellement trois années plus tôt à Racconigi : « Les conventions de la Triple-Alliance contiennent une disposition spéciale qui oblige l’Allemagne et l’Autriche à laisser l’Italie libre en Tripolitaine[1]. » M. Isvolsky n’avait pas caché à son interlocuteur qu’il craignait qu’une expédition italienne ne retentît sur la situation générale dans le proche Orient. Il était possible, avait-il dit, qu’une guerre contre la Turquie provoquât l’intervention de l’un ou de l’autre des États balkaniques, ce qui risquerait d’amener un nouveau pas en avant de l’Autriche-Hongrie[2]. À en croire M. Isvolsky, M. Tittoni aurait répondu, avec sérénité, que la Serbie était intéressée au maintien de la Turquie, qu’on pourrait toujours retenir le Monténégro, et que la Roumanie s’était engagée à ne pas permettre une attaque bulgare contre l’empire ottoman[3].

Mais il n’avait pas convaincu M. Isvolsky. L’ambassadeur avait parfaitement vu le péril des complications futures et il écrivait à son gouvernement[4] : « Il nous faudra naturellement pas mal d’efforts pour empêcher l’extension de l’incendie. » Dans une lettre du lendemain, il ajoutait[5] : « Ma lettre précédente était déjà écrite quand j’ai appris de Tittoni que le chargé d’affaires italien à Constantinople avait reçu l’ordre de déclarer à la Turquie que

  1. Livre noir. Lettre de M. Isvolsky à M. Nératof, 13/26 septembre 1911. Cf. Siebert, p. 494.
  2. Livre noir. Lettre de M. Isvolsky à M. Nératof, 13/26 septembre 1911. Cf. Siebert, p. 494.
  3. Même lettre.
  4. Lettre complémentaire et confidentielle du même jour, 13/26 septembre 1911.
  5. 14/27 septembre 1911. Livre noir.