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LE CONTACT AVEC L’ARMÉE ANGLAISE

attaquées. Haig, de son côté, se serait plaint que les Français ne fussent pas encore dans la bataille. Faudra-t-il donc que nous tenions tout le front à nous seuls ?

Je reste rue de Rivoli jusqu’à ce que les pompiers soient maîtres de l’incendie et je rentre à l’Élysée à une heure du matin.


Samedi 13 avril.

Clemenceau est un peu moins sévère que Loucheur pour l’armée anglaise. Il a cependant considéré la situation comme assez grave pour télégraphier à Lloyd George : « Vous avez bien voulu me dire que vous viendriez volontiers à mon premier appel. La situation des armées est assez préoccupante pour que j’aie besoin de vous voir le plus tôt possible. Indiquez-moi où vous pouvez me rencontrer. »

Il voudrait, dit-il, s’entendre avec Lloyd George sur la manière de couvrir Calais et Boulogne sans abandonner le contact avec l’armée française. Il reconnaît que le maintien du contact est la première condition et il affirme que les Anglais en conviennent eux-mêmes. Mais comme, d’autre part, l’abandon de Calais et de Boulogne serait désastreux, Clemenceau voudrait chercher à concilier les deux intérêts. Il ajoute : « La question est, d’ailleurs, tellement importante qu’il sera bon, je crois, que vous veniez avec moi et que nous nous rencontrions ensemble avec Lloyd George. » Je réponds à Clemenceau que je suis à sa disposition.

Il me dit ensuite que Foch s’est plaint à lui des résistances qu’il rencontrait, non de la part de Pétain, mais de celle de généraux de son entourage, spécialement du général Anthoine. Foch voudrait remplacer ce dernier par le général Barescut. Clemenceau en a parlé à Pétain, qui a