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FOCH GÉNÉRAL EN CHEF DES ARMÉES ALLIÉES

visite a donc eu partout un caractère un peu plus solennel que d’habitude ; les troupes n’en ont pas paru ennuyées ; au contraire, elles rendaient toutes les honneurs avec empressement ; et les signes extérieurs de respect étaient très spontanés. Quant aux populations, depuis tant de mois accoutumées aux Anglais, elles voyaient avec joie et avec confiance revenir les uniformes français, et bien des yeux se mouillaient.

Nous revenons par Sarcus où est installé le général Foch. Il est en très bonne forme ; il a vu Clemenceau et lord Milner aujourd’hui à Beauvais. Il est satisfait d’être reconnu général en chef des armées alliées, mais il voudrait avoir une investiture officielle et une lettre de commandement, et il a raison. Il se plaint beaucoup moins des Anglais que Maistre. Haig s’est complètement effacé devant lui. Pour le Nord, le général Plumer a accepté des instructions directes. Foch croit d’ailleurs que la marche sur Hazebrouck est enrayée et que les Allemands vont plutôt maintenant attaquer sur le front d’Arras. Foch est confiant et il espère qu’ensuite nous pourrons prendre quelque part l’offensive. Il déclare que ses rapports avec Pétain sont bons, qu’au second plan, comme exécutant, Pétain est parfait, mais qu’il recule devant les responsabilités et ne peut commander en chef.

Nous reprenons le train pour Paris et nous arrivons à onze heures du soir.

Dans la nuit, trois coups de canon à longue portée.


Mardi 16 avril.

Avant le Conseil, je reçois Jules Cambon, puis Clemenceau, qui vient en tenant toujours Pichon en laisse.

Clemenceau m’encourage à aller voir le roi des